Gièvres Auto, la casse départ !
Lorsque Nelson Jourdin, passionné de mécanique et entrepreneur dans l’âme, reprend en 1996 les rênes de Gièvres Auto, spécialiste du recyclage de véhicules, c’est avec l’intention de revaloriser un métier pétri de clichés. Une modernisation de l’image de la casse auto qui passe par la transformation des codes, du fonctionnement, tant au niveau de la logistique, du service que du management. Ainsi, pour « comprendre que l’organisation de l’entreprise est un système de maillons de chaîne », le dirigeant propose tous les ans à ses collaborateurs de remplacer dans ses fonctions un autre salarié, le temps d’une journée. Une sorte de « vis mon job » qui favorise la cohésion des équipes, « permet de faire émerger de nouvelles compétences, de découvrir l’ensemble des postes de l’entreprise au sein des ateliers, démontage, dépollution, mais aussi les métiers tertiaires et de comprendre que le rôle de chacun est primordial ». Cette initiative vaudra à Nelson Jourdin d’être lauréat, en décembre 2022, du trophée « Stratégie – Ressources humaines » remis par la chambre de commerce et d’industrie et La Nouvelle République lors des Top de l’entreprise.
En résumé, un patron qui prône le bien-être dans son entreprise « malgré les tensions qui peuvent survenir ; être détendu n’empêche pas d’être sérieux et réactif ».
Un stock de 250 000 pièces
Ainsi, portée par l’engagement de ses 40 collaborateurs, Gièvres Auto – membre de Careco France depuis 2008, dont Nelson Jourdin assure également la codirection depuis 2020 –, recycle 4 000 véhicules par an, issus de partenariats avec des compagnies d’assurance. De chaque auto, environ 150 éléments expertisés réutilisables, garantis un an – éléments moteur, de carrosserie, boîte de vitesse – sont retirés. De quoi générer un stock de 250 000 pièces informatisées sous référence d’origine pour garantir leur traçabilité, qui seront commercialisées directement sur site ou livrées à domicile. Les éléments non utilisés (matériaux, fluides) sont entièrement recyclés et dépollués « dans les règles imposées par la loi ».
On ne parle plus de la casse d’antan où rouillent des véhicules empilés, mais d’un concept qui promeut « une économie circulaire vertueuse et responsable » mais également « le pouvoir d’achat des automobilistes ». Le prix des pièces de réemploi, bien qu’indexé sur le cours des matières premières, permet de refaire un moteur à neuf ou de changer un kit d’embrayage à moindre frais, Gièvres Auto se chargeant du montage si nécessaire.
Un événement : la foire à 15 € !
Dans le même esprit, tous les ans en juin, les connaisseurs le savent, l’entreprise organise la foire à 15 €. L’idée est simple : 300 à 400 véhicules sont à la disposition des visiteurs qui peuvent démonter à loisir tout ce qu’ils veulent, chaque élément étant facturé seulement 15 €. Soyez attentifs, Gièvres Auto ne précise les dates sur son site qu’au dernier moment…
Le dirigeant ne cesse de faire parler de son entreprise avec la volonté de casser les idées reçues. Avec un brin d’humour, il dit : « L’image du garagiste torse nu avec son berger allemand est dépassée, place au costume! » Et il le fait savoir.
Depuis 2018, sa société est la vedette de l’émission Trésors de casse, réalisée et diffusée sur la chaîne RMC découverte. Deux saisons de six épisodes sont dans la boîte ; une troisième est en cours de tournage, « pour apporter du fun, mettre en lumière l’ensemble de nos métiers et notre valeur ajoutée ».
Quant à l’avenir de Gièvres Auto, il est assuré, les chiffres parlent d’eux-mêmes ; sur le marché français de la pièce détachée, en 2022, la part du réemploi ne représentait que 5 %, un chiffre à mettre en perspective avec la Scandinavie ou le réemploi représente 30 % du marché global.
Et puis, le véhicule électrique pointe le bout de son capot, ce qui nécessitera de « déployer des compétences en matière de recyclage et de réemploi des batteries ».
En attendant, le moteur thermique est toujours vivant ; sur les parkings, un stock de 1 500 autos attend un nouveau départ, une seconde jeunesse mais, cette fois, en pièces détachées !